Dicton du jour : "Parce que manger des contre-façons, c'est encore pire que sucer du toc." (Moi - Critique Culinaire Ultra Pointue)

jeudi 21 juillet 2011

On n'a pas tous les jours vingt ans. (Rediff)

Depuis dix jours, la récurrence onirique fait loi.

Tes fragilités de mémoire ne sont que superficielles, tes nuits te le rappellent. Il y a des bouts de passé qui restent trop précis.
Ils te visitent dès que la fatigue s'installe. C'est comme ça depuis beaucoup trop d'années. Mais une présence constante sur presque deux semaines pèse sur tes jours. Aussi.

Cauchemars en souvenirs lourds, tu restes la bagnarde crasse aux boulets poisseux.

Ton inconscient t'impose encore et encore le film d'un soir de cet âge, comme pour te rappeler que le pire est derrière toi oui, mais gravé. Profond.
Te rappeler ta fuite trop lente, le corps, l'avenir en danger. La peur comme jamais t'aurais imaginée. Les loups aboyeurs à tes trousses.

"Cours, salope!"

Te rappeler l'antagonisme de tes jambes pourtant rapides et de ta vision des faits au ralenti.
Mémoire d'une explosion interne définitive. Mémoire d'une logorrhée d'insultes que vomissent des dents serrées par la haine. Ta haine te sauve souvent de tout. Ta rage est ta meilleure défense.

Même cet instant en pause stupide où tu te surprends à penser qu'il est dommage de ne croire en rien, que ça servirait pour s'accrocher dans la bataille, reste trop nettement reproduit par le mauvais sommeil.

Tu réfléchis vite, tu fais ton choix :
Souvent tu as plié pour ne pas casser mais tu décides que cette fois, tu préfères rompre que te soumettre.

L'instinct de survie te rend au sens propre "impénétrable". Fermée de partout.
Plutôt claquer sous les coups, c'est très clair dans ta tête affolée.

Et ils ne vont pas manquer, les coups.
À tout va, en plein là où tu refuses de t'ouvrir, justement. Rien n'y fera.

Tu ne sens même pas la douleur, même quand un d'eux écrase crâne contre la vitre de la porte conducteur.
T'es sortie de ton corps de toutes façons. Dépersonnalisation salvatrice.

Tu ne le sais pas encore, sur le moment, qu'à chaque fois que tu croiseras un miroir, tu ne verras plus que cette image de ton visage déformé, de rouge-sang et déjà de noir-coups, aplati contre le rétroviseur. Le fond sonore en prime : "Regarde ta jolie gueule maintenant, salope." Ils n'arrivent pas à aller au bout de ce qu'il veulent, alors ça cogne encore.

Frustration de mâles. Mal.

Il y a des soirs de début d'été, le temps s'étire en infini.

Ton réveil ne se produit qu'après le générique de fin. Sous la douche, l'eau comme de l'acide sur tes plaies ouvertes.

Tu te lèves, te répètes que ce n'est qu'un rêve.

On a pas tous les jours vingt ans.

Heureusement...

4 commentaires:

  1. Quand tu es drôle, tu es hilarante.
    Quand tu n'est pas drôle, tu es émouvante.
    Mais tu es toujours bluffante.

    Christian

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  2. ...
    Et pour certains textes d' avant => :))
    Pour les vidéos => héhé et charmante !
    Et pour Humanoïde => merci !

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  3. Difficilement commentable. Mais l'émotion est là. Le style comme une balle en pleine poitrine

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